NPA Bourgogne Franche-Comté
  • Situation sanitaire et politique du Gouvernement

    1er février 2021

    Ce qui se profile aujourd’hui est une situation à l’anglaise avec des ambulances attendant devant les hôpitaux que des places se libèrent (souvent par mort du patient), des services de santé débordés et épuisés. On peut bien sûr espérer que ce scénario ne se produira pas, mais la probabilité que le Royaume-Uni nous annonce avec quelques semaines d’avance ce que l’Italie annonçait il y a tout juste un an est forte. Un coup de frein brutal pour éviter des milliers de morts ou de vies abîmées supplémentaires (et cette fois les possibilités de transfert d’une région à l’autre vont être limitées) serait dans ce cas inévitable. Cette vague arrive sur un système de santé encore plus fragilisé qu’il y a un an et où le moral n’est pas au plus haut.

    C’est bien sûr la responsabilité du pouvoir si nous en sommes là mais cela ne change pas pour autant la réalité sanitaire.

    Même l’académie de médecine critique Véran et son irresponsabilité sur la question de l’inutilité des masques non chirurgicaux qui sape la confiance dans un geste barrière efficace progressivement passé dans les habitudes. Mais évidemment pas de distribution gratuite et massive de masques au programme !
    Dans la course de vitesse entre la vaccination et la Covid 19, malgré la crainte d’une accélération avec le variant anglais, le France a choisi de partir à la vitesse d’un escargot. Super-congélateurs livrés seulement le 21 décembre, selon l’enquête de Médiapart, retard d’anticipation dans le recueil du consentement qui n’est pas toujours aisé dans les Ehpad, aiguilles sous-cutanées fournies alors que ce sont des aiguilles plus longues intra-musculaires qui sont nécessaires... les ratés se sont multipliés. Et c’est bien le plan gouvernemental qui proposait de limiter la vaccination aux seuls résidents des Ehpad jusqu’à la fin février !
    Entre les prix élevés exigés par Big Pharma, la limitation des capacités de production pour cause de brevet et de secret industriel, et les intérêts stratégiques des Etats, on est bien loin de vaccins « biens communs universels », fournis rapidement et gratuitement à toute la population mondiale. Le profit espéré pour les vaccins anti-covid, 20 milliards de dollars pour Pfizer, 10 pour Moderna, voilà l’une des causes de pénuries et de retards comme d’un « apartheid vaccinal » aux dépends des plus pauvres comme des pays du Sud.

    Mais ne voir dans la situation sanitaire qu’une nouvelle restriction de nos libertés semble une mauvaise approche.

    La logique du n-ième confinement est effectivement « travaille, consomme, et ferme ta gueule ! » Après nous avoir obligés à nous entasser dans les transports, dans les bouchons, dans les magasins, il est désormais à nouveau envisagé de nous restreindre dans l’espace public. Cependant, l’illusion qu’en « continuant à vivre » on va mieux s’en sortir ne peut que déboucher sur la prolongation de l’épidémie et l’aggravation des drames sanitaires et sociaux qu’elle provoque.
    La question posée est celle des modalités de ce confinement qui ne soit pas subordonné aux exigences du profit et donc ne s’en prenne pas exclusivement à nos loisirs et notre vie hors travail. La protection tant sanitaire que sociale des travailleurs devrait être une priorité.
    De plus, la vaccination est trop importante pour être laissée aux intérêts des labos ou des États. Contre les brevets des trusts, contre le secret des process industriels, qui limitent la production mondiale de vaccins sûrs et efficaces, la réserve aux pays les plus riches, qui peuvent payer les prix hauts exigés, il faut réquisitionner Big Pharma, ses sites de production, et lui imposer des licences obligatoires et gratuites, pour fournir ce qui doit être un bien commun universel.
    Au travail, des protocoles sanitaires rédigés démocratiquement par les travailleuses et travailleurs eux-mêmes selon leurs connaissances du terrain et des besoins peuvent inverser la tendance actuelle des diktats patronaux et des directions, les décisions unilatérales pour maintenir ou exclure le télétravail sans l’avis des salarié.e.s, les passer au chômage partiel, réduire les effectifs… Les ouvertures et réouvertures d’entreprises et de lieux publics ne peuvent être envisagées uniquement par le biais du profit ou de la consommation mais doivent l’être par celles et ceux qui font vivre les entreprises et les lieux de travail et qui sont aussi les principaux consommateurs et usagers.