NPA Bourgogne Franche-Comté
  • Récupérations, politique réactionnaire et répressions

    14 novembre 2020

    Il n’y a pas de « Oui, mais… » ! Les assassinats par des groupes fanatiques politico-religieux sont horribles et insupportables : l’assassinat d’un professeur, en tant que représentant d’un enseignement ouvert à la réflexion, comme les assassinats de Nice contre des personnes en raison de leur foi, ou ceux à Charlie Hebdo, pour caricatures, ou ceux du Bataclan - symbole de la « débauche » pour les mêmes fanatiques. Ces violences ne sont d’ailleurs pas l’apanage des religions. Les actes terroristes dans les pays du Moyen-Orient ou en Afrique, en Norvège ou en Nouvelle-Zélande, sont ignobles et inacceptables qu’elle que soit l’obédience des assassins ! Ils ne sont d’ailleurs pas moins tolérables que les féminicides et autres violences qui émaillent notre actualité !

    Contre ces violences, leur République n’est pas un rempart ! Au contraire !
    Macron et ses ministres se saisissent de cette actualité chargée en émotion pour camoufler leur gestion indigente de la crise sanitaire et économique. Pire, ils attisent la peur et la haine pour justifier leur politique autoritaire et répressive ! Au nom de la lutte anti-terroriste, ils accentuent leur politique sécuritaire et inhumaine, renforçant leur répression contre les migrant.e.s. Ils préfèrent dépenser de l’argent pour le contrôle des frontières plutôt que pour les lits d’hôpitaux. Ils n’hésitent pas à reprendre les vieilles rengaines de l’extrême droite développant de fait un racisme d’Etat. Ils trouvent prétexte « d’universalisme » pour mettre en cause des associations de lutte contre le racisme. Ils dénoncent le halal, mais pas les traditions alimentaires autres (chrétiennes, juives, par exemple). Ils manipulent les consciences en ciblant systématiquement des femmes qui portent un foulard, les assimilant de fait aux fanatiques politico-religieux et les offrant en pâture à toutes les insultes les plus nauséabondes. Ils assimilent dans leur discours islam et « séparatisme » contre « la république indivisible ». Ces amalgames scandaleux font un triste écho aux périodes sombres où l’antisémitisme servait de ciment à « la nation ». Ils calomnient ceux et celles qui dénoncent cette insupportable islamophobie d’Etat, en les accusant « d’islamogauchisme », c’est-à-dire de complaisance, voire d’encouragement au terrorisme !

    De quelle liberté d’expression parlent-ils ? Ils ne cessent d’amplifier leurs politiques liberticides !
    « Liberté d’expression » est devenu en quelques jours le mot d’ordre des gouvernants, si prompts à récupérer les conséquences de l’assassinat de Samuel Paty. Hypocrisie !
    Ces mêmes gouvernants continuent à tour de bras de détruire par leurs réformes les mécanismes de solidarité et de protection. Ils s’appuient sur des prétextes sanitaires et sécuritaires pour faire taire toute critique. Le confinement justifie l’interdiction de manifestations et de rassemblement dans le respect des gestes barrières pour signifier des désaccords. Ces gouvernants arment leur police de LBD et de grenades et redoublent de violence face aux manifestants écologistes, féministes, anti-racistes ou simplement désemparés par la casse continue de leurs droits. Dans le même temps, ils protègent les rassemblements d’extrême-droite, les défilés contre les droits des femmes… Ce sont eux qui orchestrent la rétention administrative et les expulsions éhontées sans aucun respect du droit de celles et ceux qui cherchent désespérément un refuge contre des régimes qui cherchent à les faire taire, ou contre une misère qui ne leur permet pas de vivre dignement !
    Ce sont eux qui sanctionnent les enseignant.e.s qui se mobilisent contre les réformes du bac et du lycée, réformes particulièrement nuisibles à l’émancipation de tou.te.s ! Ce sont eux encore qui, en plein cœur de la crise, poussent leurs calendriers de réformes. Quelques jours après l’assassinat, ils font voter la Loi de Programmation de la Recherche qui réduit les financements publics et pérennes de l’université et soumet la recherche aux priorités du gouvernement. Ils détruisent le CNU (conseil national de l’université) instance représentative et autonome de qualification des enseignants, et assujettissent les libertés académiques aux « valeurs de la République ». C’est désormais le moyen de bâillonner à tous les étages en empêchant toute discussion possible !
    Permettre l’émancipation ne passe pas par la diffusion d’une pensée unique, ni par la mise en place du SNU et l’imposition d’une doctrine d’Etat. Le retour au bourrage de crâne fixe en réalité des limites à la liberté d’expression : toute parole qui ne va pas dans le sens de la défense de leur république chauvine et inégalitaire et qui ne se reconnaît pas dans la Marseillaise, est considérée comme du « séparatisme » !

    Pour l’accès de toutes et tous au droit de s’exprimer, pour une véritable émancipation, la résistance s’organise !

    Aucune radicalisation, ni celle des fanatiques religieux, ni celle d’un gouvernement discriminatoire, voire raciste, ne nous feront céder. Malgré le confinement et les politiques sécuritaires, les mouvements de contestations continuent. Les enseignant.e.s et les lycéen.ne.s se mettent en grève et bloquent leurs établissements. Les chercheur.ses multiplient les interventions dans les médias contre la chape de plomb gouvernementale.
    La liberté d’expression ne se limite pas à des caricatures vis-à-vis des religions. Défendre cette liberté, c’est développer l’esprit critique à partir d’articles de journaux, de médias diversifiés, d’analyses et de voix dissonantes. Pour cela, il faut exiger des moyens suffisants pour entretenir un cadre de travail des élèves et enseignant.e.s… Il faut créer des postes stables et construire des espaces en nombre suffisant afin que l’école et l’université soient des lieux de débats sereins ! Ces conditions seulement permettront à tou.te.s d’accéder au droit à s’exprimer.
    Pour faire advenir une société ouverte aux différentes cultures, solidaires, sans frontières, il faut lutter contre les obscurantismes de toutes espèces, les inégalités sociales et combattre le capitalisme liberticide et la domination sous toutes ses formes !