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Propos discriminatoires vis-à-vis des « vieux » dans des medias et réseaux sociaux
Plusieurs associations et syndicats ont réagi aux propos tenus le 18 avril par Christophe Barbier sur BFM : « pour sauver quelques vies de personnes très âgées, on va mettre au chômage des milliers de gens ». On a vu circuler des questionnements du type : faut-il soigner des personnes, majoritairement âgées, malades du Covid 19 en mobilisant des moyens matériels côuteux ? ; faut-il mettre en péril la sécurité sociale, mettre tant de monde au chômage, toucher au capital, pour des personnes majoritairement âgées ?
Habituellement, nous entendons un discours défendant l’individu, contre le « collectivisme » assimilé aux droits sociaux qui réduisent un peu les inégalités. Mais dans cette période, c’est au nom du « collectif » contre les droits individuels que l’intérêt général est mis en avant par ceux qui prétendent parler en son nom. Depuis longtemps déjà, les vieux sont stigmatisés comme étant les responsables du « trou » de la Sécurité Sociale, puisqu’ils sont « improductifs » ... et comme « la santé a un coût », la conclusion qu’ils en tirent, c’est qu’il faudrait sélectionner qui peut en bénéficier, c’est-à-dire les « productifs », surtout en période de pandémie.
Dès 2017, le gouvernement macroniste traitait les retraité-es de privilégié-es, d’égoïstes, pour justifier d’accroître les prélèvements divers sur les retraites et pensions. Pourtant, les retraité-es participent à la reproduction sociale : prise en charge des plus vieux, des petits-enfants, aide financière et technique des plus jeunes, rôle dans les associations,... Comme vis-à-vis des plus pauvres, des chômeurs, celles et ceux qui sont désigné-es comme « profiteurs des aides sociales », les vieux sont considérés comme inutiles – donc négligeables et ciblés.
Et on n’oublie pas les propos de Macron renvoyant Geneviève Legay – cette militante blessée dans la répression contre les gilets jaunes – à ses fourneaux plutôt que de prendre des risques en allant manifester. Au fait Gérard Collomb et Jean-Yves Le Drian, nés en 1947, bel exemple de vieux politiciens mâles seraient-ils mieux conservés que des femmes qui contestent la politique du « premier de cordée » ? A moins que servir les capitalistes ça conserve.
Sur les réseaux sociaux, après l’expression « OK boomer », « boomer remover »,
La tendance à considérer les « vieux » comme des « bavards sans intérêt » s’est transformée avec le coronavirus en « virons les vieux » : moins nombreux ils seront, plus il y aura de place pour les jeunes ! Même s’il y a eu des réactions tardives sur le net, on peut néanmoins constater que ce discours de haine n’a pas fait réagir les medias.
En tout cas, le tri a été fait dans les sociétés dites démocratiques pour l’accès à l’hôpital. On a vu en Italie le tri selon l’âge. En France, le Canard Enchaîné signale qu’après une circulaire ministérielle du 19 mars incitant à limiter l’accès en réanimation des plus fragiles, le nombre de personnes de plus de 75 ans en réanimation est passé de 19% le 21 mars à 7% le 5 avril, et pour les plus de 80 ans de 9 à 2 %. Quant aux EHPAD, ils représentent 30 % des morts en France, le manque de personnel et de moyens matériels ne peut être masqué plus longtemps. Le pire étant les établissements privés qui fonctionnent en moyenne avec 20 % de personnel en moins que les établissements publics.
Autant on peut refuser, en tant que patient, l’acharnement thérapeutique, autant une société qui limite l’accès aux soins en fonction de l’âge du patient n’a pas grand chose à voir avec une société qui se dit humaniste. Il est également significatif que l’un des arguments pour rassurer la population consiste à mettre en avant l’âge des morts.
L’âgisme, comme d’autres discriminations, ne concerne pas que les personnes âgées
L’âgisme se manifeste parfois de manière peut-être inconsciente, avec des attitudes ou propos infantilisants vis-à-vis de plus âgé-es que soi. Il y a une certaine propension à considérer qu’être vieux est synonyme de malade, voire « gâteux ».
Comme d’autres formes de reproduction de l’idéologie dominante, c’est-à-dire capitaliste, cette idée est largement répandue, car les personnes sont estimées à l’aune de leur « productivité ».
Ainsi, les moins de 25 ans n’ont pas droit au ….RSA.. La « valeur » d’une personne pour l’accès à l’emploi et pour le niveau de rémunération, est déterminée en fonction de son âge : trop jeune en dessous de 25 ans, trop vieille à partir de 50 ans.
Avec le « déconfinement », ce sont les plus jeunes qui ont été les premiers à être envoyés à l’école, avec l’argument que peu étaient malades ! Certains enfants ont de graves problèmes de santé, des établissements n’ont pas suffisamment de personnels pour l’entretien, manquent de gel hydro-alcoolique, de masques pour les personnels. Et que dire des conditions d’apprentissage, du maintien des distances sanitaires, de la suppression des jeux et de l’ambiance anxiogène générale, qui donnent le sentiment aux enseignant.e.s d’être matraitant.e.s à l’égard de leurs élèves ! Mais le retour des parents au travail est privilégié sur les risques pour la santé des plus jeunes et de leur entourage.
Les personnes handicapées, les victimes d’accidents du travail (en hausse depuis des années) ou d’accidents de la vie ont été particulièrement touchées par le confinement et sont également largement « oubliées » vue leur faible « rentabilité », sauf pour faire de la communication. Le handicap n’est pourtant pas uniquement une question d’âge. Même la presse dijonnaise s’est fait l’écho des difficultés accrues des « malvoyant-e-s » dans la crise. Cela n’empêche pas le conseil départemental de se flatter des économies faites sur le budget de la dépendance.
Une autre société ! Pas une fausse solidarité !
L’âgisme ou l’âge est un indicateur nouvellement pris en compte dans l’euro-baromètre des discriminations. L’âgisme repose sur une construction sociale et les divisions générationnelles, comme toutes les discriminations, sont utilisées pour détourner des vrais responsables de la situation. Pas question de toucher aux profits, la technique des boucs-émissaires est toujours de rigueur et l’âge sert d’alibi pour ne pas remettre en cause les inégalités du système de santé. Le
comble est atteint avec la fausse solidarité de LREM proposant aux autres salariés de « donner des jours de congés » aux soignant.e.s sans toucher aux dividendes des exploiteurs de la misère comme Korian par exemple, un des principaux écumeurs des EPHAD privés.
Le rôle du collectif, ce n’est pas d’exclure les plus vulnérables, mais au contraire de permettre à toutes et tous de vivre. Dans une société où certains ont des milliards à planquer dans des comptes offshore, où de nombreuses techniques devraient permettre d’aider les personnes handicapées, où les évolutions de la santé devraient permettre le mieux vivre pour toutes et tous, c’est bien par les services publics – non lucratifs - que passe l’égalité de traitement de toutes et tous. La pandémie peut être l’occasion d’une prise de conscience que l’avenir ne repose pas seulement sur de nouveaux remèdes, vaccins, mais sur un autre projet de société. C’est par notre action collective, inter-générationelle, que la solidarité l’emportera sur le « chacun-e pour soi » cher aux capitalistes et à leurs représentants qui nous rebattent les oreilles de la primauté de la compétitivité.