Bourgogne Franche-Comté
  • Confinement et logement ne font pas bon ménage, déconfinement non plus !

    20 mai 2020

    La contrainte des logements a pesé sur les populations confinées ! On l’a bien vu face à la situation des SDF « confiné-es à la rue » (avec même le cas ubuesque de 3 mois de prison pour défaut d’attestation dérogatoire), comme devant l’exiguïté des appartements. Les mesures gouvernementales, bien insuffisantes, relèvent d’une politique de maintien délibéré dans la précarité pour toute une partie de la population, antérieure à la pandémie.

    Des aides « exceptionnelles » délibérément insuffisantes :

    En plus de fixer une date tardive pour leur versement, au 15 mai, ces aides ponctuelles au logement sont modestes : 100 à 150 euros pour une personne seule, 250 pour une famille avec 2 enfants. Les jeunes jusqu’à 25 ans n’ont rien, sans parler des réfugiés sans enfant. Il est significatif que 1 milliard d’euros seulement soit consacré à des mesures concernant 3 millions de familles quand 23 milliards de cadeaux de l’État vont aux entreprises au titre du chômage partiel.

    Des « minimas sociaux » structurellement déjà insuffisants :
    Le RSA est attribué à 1,8 million de foyers, soit par exemple, 841 euros par mois pour un couple avec 1 enfant. C’est d’emblée un niveau trop faible pour survivre à peu près, mais c’est la logique pour un « revenu de solidarité active » sensé « inciter à retrouver un emploi ». Les petits boulots complémentaires sont indispensables mais ont été rendus impossibles par le confinement et demeurent peu accessibles, d’autant qu’il y a 650 000 chômeurs de plus en 2 mois. Et le budget est encore plus contraint avec la hausse des dépenses contraintes, les cantines scolaires fermées, la hausse des courses alimentaires... Le paiement des loyers est devenu intenable. Les manifestations de Toulouse, de la région parisienne pour le moratoire des loyers sont l’expression de cette situation, même si « distanciées ». D’ailleurs, dans les quartiers populaires et les logements surpeuplés la distanciation sanitaire au quotidien est dans les faits impossibles, même avec toute la bonne volonté du monde.
    En Côte d’Or, il est devenu de plus en plus difficile d’assurer l’aide alimentaire. Et le Secours Populaire, par exemple, note qu’il a dû se recentrer sur les produits d’hygiène et d’alimentation, tandis que sa capacité d’aide financière s’effondre : comment aider les personnes à payer un loyer ?
    Or, en moins de 2 mois les familles aidées par ses soins sont passées de 7000 à près de 10 000 !
    Pour autant, aucun maire ne met en œuvre la possibilité légale de réquisitionner des logements vides alors qu’on nous bassine sur le désastre du marché immobilier.

    Un moyen de pression sur les salarié-e-s et les couches populaires :

    Le marché immobilier étant un des piliers de la spéculation en France, la mise en œuvre du droit au logement reste un vœu pieux. De ce fait, le logement passe après les dépenses quotidiennes dans le calcul des minimas sociaux. Cela fait partie d’une attaque d’ensemble, avec la désagrégation accélérée du droit du travail, le vote d’une loi d’urgence sanitaire présentée comme « provisoire », la loi Belloubet du 29 avril qui donne tout pouvoir aux patrons pour se débarrasser des personnels en CDD, ... L’objectif est de rabaisser les salaires et les retraites au plus près des minimas sociaux.

    Comme pour le secteur de la Santé qui prépare la mobilisation pour le 16 juin, les moyens pour accéder à un logement décent pour toutes et tous, est une priorité qu’il ne faut pas oublier notamment en cette période de fin de « tolérance hivernale ».