NPA Bourgogne Franche-Comté
  • Comment soutenir le peuple vénézuélien ?

    1er avril 2019

    Le 14 mars dernier nous accueillions à Dijon, Christian Varin, de la commission internationale du NPA pour évoquer la situation de crise que connaît le Venezuela. Nous étions une vingtaine à être venuEs débattre dans la salle Cromois de Quétigny.
    Christian Varin est d’abord revenu sur l’histoire du pays et notamment les crises de l’endettement de la fin des années 1980 qui ont déjà précipité le pays dans des épisodes de violence. L’Etat vénézuélien, alors aux mains de la bourgeoisie traditionnelle – qui domine le pays depuis la décolonisation du pays au début du XIXème siècle –, s’était rendu coupable d’une répression féroce et mortelle pour plus de 3000 manifestants contre l’injustice sociale et les inégalités économiques qui rongeaient le pays. Décrédibilisée aux yeux du peuple, l’élite politico-économique cède le pouvoir à Hugo Chavez suite au scrutin présidentiel de 1998.
    L’élection d’Hugo Chavez avec un programme de « socialisme du XXIème siècle », représentait alors un espoir pour la population. Mais très tôt, le chavisme s’est caractérisé par un exercice bonapartiste et centralisé du pouvoir. Le pays n’est pas sorti de sa grande dépendance aux exportations de pétrole et le nouveau régime n’est pas parvenu à développer une industrie locale et un modèle économique plus égalitaire porté par les travailleurs. La redistribution des richesses se fait toujours de manière descendante, suscitant des formes de clientélisme et de corruption.
    Ainsi, au cours des années 2000, toujours largement soutenu par les mouvements sociaux et de gauches à l’étranger et notamment en Amérique du Sud, le Chavisme est de plus en plus contesté au Venezuela. La crise de 2008 accentue les difficultés. Lorsque Nicolas Maduro est élu comme successeur de Chavez en 2013, il continue la politique de son prédécesseur et sa popularité chute largement. Le parti au pouvoir perd les élections parlementaires de 2015, mais Maduro est réélu de peu en 2018.
    Fin 2018, c’est dans un contexte de montée des gouvernements de droites et d’extrême droite dans toutes l’Amérique du Sud, que le président du parlement, Juan Guaido, à la tête du parti de l’élite traditionnelle vénézuelienne, se proclame président par intérim avec le soutien des Etats-Unis. Le bras de fer qui oppose les deux hommes d’Etat – Maduro et Guaido – aujourd’hui menace la paix de la région. La crise économique continue, l’inflation atteint de nouveaux records sous l’effet du blocus américain notamment. La tension monte entre les partisans de Maduro et les partisans de Guaido.
    Le peuple se divise sur les postures à adopter : la situation économique et sociale n’est plus supportable. Pour autant les prétentions de l’opposant Guaido au pouvoir ne présagent rien de bon quant à l’avenir : il est soutenu par la bourgeoisie venezuelienne et les grands groupes internationaux responsables de la dépendance économique du pays et la pollution des forêts et rivières qui traversent le pays. Cette tension est particulièrement néfaste pour la liberté des VénézuélienNEs. Jusque-là relativement libres de s’exprimer, les activistes se trouvent aujourd’hui menacéEs. Le site internet critique https://www.aporrea.org/ est désormais interdit au Venezuela. Les militantEs syndicaux.cales travaillant dans les grandes multinationales extractivistes sont emprisonnéEs ou réduitEs au silence par le gouvernement Maduro..
    Durant le débat, plusieurs éléments de cette situation complexe ont pu être décrits. Nous avons conclu ainsi nos discussions :
    • En dénonçant l’hypocrisie de la politique étrangère de Macron, lorsqu’il affiche son soutien à Guaido. Il faut exiger que la fin du blocus, notamment sur les denrées de première nécessité et sur les médicaments.
    • En rappelant la nécessité de développer des liens avec les oppositions de gauche au régime en place.
    L’exemple du Venezuela nous a permis de montrer l’importance de penser une appropriation sociale des lieux de travail et de défendre un modèle autogestionnaire de prise de pouvoir.