NPA Bourgogne Franche-Comté
  • A Dijon, les enseignant.e.s de la maternelle à l’université s’organisent pour résister aux pressions et remettre au centre des préoccupations la santé et le bien-être de toutes et tous !

    15 avril 2020

    Au bout d’un mois de confinement, la fatigue se fait sentir parmi les parents comme parmi les enseignant.e.s. Ces dernier.e.s ont été sommé.e.s de produire des contenus pédagogiques dans la précipitation, transmis par internet, comme si de rien n’était, dans « la continuité », face à l’impréparation totale des ministères. Malgré les nouvelles contraintes de vie, l’enfermement et le télé-travail, l’école et les études devraient se prolonger à la maison.
    Contre ce faux-semblant, des assemblées générales virtuelles et des réunions intersyndicales se sont tenues à Dijon, comme ailleurs. Même si établir un rapport de force sans rassemblement est un peu difficile, les rencontres via les outils numériques nous ont permis de nous retrouver, de sentir notre détermination et de continuer à construire un mouvement social que le confinement ne met pas entre parenthèses.
    Dans les différents secteurs de l’éducation, les constats sont les mêmes : « la continuité pédagogique » n’est qu’un leurre ! Les injonctions à continuer, les pressions administratives au travail et les déclarations du gouvernement en la matière ne prennent pas en considération les réalités de vies confinées des enseignant.e.s, des élèves et des étudiant.e.s. Pire ! En faisant durer la fiction de la continuité, elle reporte la faute des difficultés rencontrées et des échecs sur les enseignant.e.s pas assez mobilisé.e.s et sur les apprenant.e.s trop peu équipé.e.s, voire récalcitrant.e.s !
    En fait, le confinement exacerbe les inégalités sociales ! La taille des logements, le degré d’équipement (connexion internet, nombre d’ordinateurs à la maison), la disponibilité des parents et leurs compétences pédagogiques sont autant de facteurs qui rendent illusoire toute égalité devant l’apprentissage.
    La désinvolture de Blanquer qui se glorifie de n’avoir que 8 à 10% d’élèves « décrocheurs » est insupportable : Cela représente déjà des dizaines de milliers d’élèves et ces chiffres sont largement sous-estimés ! Contre les projets d’évaluation en ligne et les pressions du rectorat, et face à la détresse croissante des élèves, des étudiant.e.s, des parents et des enseignant.e.s, nous avons formulé des revendications. Ces prises de position collective, élaborées à partir des outils collaboratifs en ligne, ont pour objectif de peser dans les décisions, de rassurer les apprenant.e.s et leurs parents et de soutenir celles et ceux qui, par nécessité ou par volonté, ne répondent pas aux pressions de leurs hiérarchies.
    Entre autres, nous avons rappelé que les conditions satisfaisantes pour de nouveaux apprentissages n’étant pas réunies, il faudrait reprendre les programmes là où ils ont été laissés le 16 mars dernier. A propos des examens, la rupture d’égalité est encore plus flagrante. Il est hors de question d’accepter un baccalauréat basé sur le contrôle continu : c’est ce qui était prévu dans le nouveau bac Blanquer bien avant le confinement et contre quoi nous luttons depuis deux ans ! Nous appelons donc à ce que les diplômes du baccalauréat comme du brevet soient délivrés à tout le monde cette année. Même chose en fac : les conditions d’évaluation de ce second semestre ne doivent pas empêcher celles et ceux qui le souhaitent d’accéder dans l’année supérieure.
    Nous avons aussi souligné les conditions de vie inacceptables des élèves et étudiant.e.s étranger.e.s et sans papiers. Nous exigeons une régularisation des apprenant.e.s et de leur famille pour qu’elles et ils aient accès à des soins, à des aides et à un logement décent. Cette demande, que nous portons depuis longtemps, est aujourd’hui un enjeu de santé publique !
    Pour nous, la priorité est la santé et le bien-être de chacun et chacune, pendant le confinement et à sa sortie ! La reprise de la maternelle au secondaire le 11 mai, annoncée par Macron, a pour seul objectif de libérer les parents et de permettre la reprise des productions non-nécessaires. Il est hors de question que nous reprenions nos activités dans des conditions qui nous exposent, personnel.le.s et apprenant.e.s, sans les outils de protections nécessaires, et les tests systématiques pour éviter une relance de la pandémie.
    A la sortie du confinement, il nous faudra des personnel.le.s enseignant.e.s et non-enseignant.e.s pour faire face à la fatigue du confinement, à l’hétérogénéité des niveaux dans les classes et permettre une reprise des apprentissages. Nos revendications d’avant la crise n’ont alors jamais été autant d’actualité : Titularisation des contractuels ! Embauches de travailleur.ses pour assurer un service public de l’enseignement de qualité pour toutes et tous ! Création de postes à tous les niveaux, du premier degré au supérieur !