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EXTENSION DU DOMAINE DU COACHING
Dans nos sociétés, les idées dominantes sont celles de la classe dominante. Cette dernière, toujours en recherche active de profits, évolue et se scinde généralement en au moins deux blocs : pour notre époque, entre un nouveau appuyé sur les nouvelles technologies (l’informatique, la high tech...) et un ancien bloc (en France, l’agro-industrie, le luxe ou ce qu’il reste de sidérurgie). Sur le terrain politique, cela peut s’illustrer par le vieux Chirac qui était un ami de la FNSEA tandis que le jeune Macron est plutôt copain avec les starts-uper branchés.
Les idées dominantes en vogue sont donc plus précisément celles de ce nouveau bloc capitaliste dynamique. Idées qui visent, depuis les années 60/70, à déconsidérer les collectifs solidaires et l’Etat Social dont l’ancien capitalisme avait eu besoin. Et à promouvoir l’initiative lucrative individuelle au sein d’un secteur privé s’élargissant et revisité par de nouvelles méthodes managériales. Bon an mal an, cette idéologie s’est affinée, notamment sous le nom de New Age qui promeut des individus recentrés sur eux-mêmes, à la recherche de leur vrai Moi créatif pour mieux se vendre sur le marché du travail plutôt qu’à lutter collectivement contre inégalités et injustices du cadre capitaliste. Cabinets de coachs, écoles et instituts de formation sont ainsi devenus les incarnations institutionnelles les plus visibles de ce que l’on a appelé plus récemment développement personnel (DP). En résumé, une vague de libéraux installés généralement en Sociétés à Actions Simplifiées (SAS) se chargent de suppléer/remplacer L’Etat Social que d’autres libéraux au pouvoir se chargent de rétrécir/démolir.
Cependant, aucun domaine n’échappe à cette offensive globale du nouveau capitalisme (on parle de néo-libéralisme) qui déborde largement le cadre déjà flou du DP. Cela se traduit, par exemple dans le domaine de la santé, par une médecine à deux vitesses avec de moins en moins de soignants du public remboursés tandis que s’ouvrent beaucoup de cabinets de thérapeutes de qualités inégales et pas ou peu remboursés. L’éducation est aussi touchée comme en témoigne la volonté de parents d’être en quelque sorte les coachs de leurs enfants en les gardant à la maison. Ou en les mettant dans certaines écoles privées pour des élèves peut-être plus « épanouis » mais au risque de la désocialisation. Le domaine du sport est aussi gagné par de nouvelles approches aux applications aussi bien pour le haut niveau (préparations mentales) que pour le quidam qui s’adonnera, par exemple, à des sortes de gymnastiques douces à hypothétique valeur spirituelle ajoutée comme le Tai Chi Chuan ou le Chi Nei tsang. Mais le domaine sans doute le plus envahi est celui de la formation professionnelle, véritable fromage où prospèrent nombre d’instituts de développement personnel qui arrivent à se faire homologuer et financer par le Ministère du Travail. Mentionnons également le phénomène des influenceurs qui représente peut-être l’aboutissement le plus radical de ce nouveau libéralisme : exerçant seuls, chez eux, sans impôts locaux ni autres frais de bureau puisque officiant sur internet, financés plus ou moins en sous-main par des firmes pour conseiller leurs produits et rémunérés, en sus, par de la publicité émaillant leurs interventions vidéos...
Tous ces gens, gagnés par la nouvelle doxa, utilisent un langage particulier mais pourtant devenu familier. Se pencher un instant sur celui-ci est instructif. Ainsi : « s’approcher de ce que l’on est vraiment », « ...d’un état proche de la pleine conscience », « prendre contact avec soi », « mieux se comprendre et mieux se connaître, se redécouvrir pleinement » réquisitionne l’énergie des individus pour une quête potentiellement infinie et toute individualiste voire narcissique. Il y aurait un trésor à découvrir au fond de nous, mais ça va prendre du temps et de l’argent ! Et, après seulement, vous pourrez vous occuper des autres : « une meilleure relation à soi, aux autres et à la vie ». Dans ce type de raisonnement, on sait qu’en général le deuxième temps de la pensée, hypothétique, est négligé ou s’avérera inefficient. Egalement : « construire sa vie » (comme on construit un mur, une maison ?), « libérer de l’espace en soi » (comme dans un appartement ?), « puiser dans ses véritables ressources » (minières ?) traduisent en fait une conception platement matérialiste de l’humain a contrario des prétentions spiritualistes du DP. Quant aux « objectifs à atteindre », « le carburant pour continuer », « améliorer sa méthode », « révéler son véritable potentiel », « Le métier d’homme »,* c’est clair, ils lorgnent vers un homo économicus tout au service de l’entreprise, gérant même sa vie comme une petite entreprise ou un petit capital à faire fructifier.
Jim Rohn (1930-2009), coach souvent cité dans ces milieux, écrivain et patron américain a bien résumé cette idéologie à la fois individualiste et entrepreneuriale nouveau style : « Apprenez à travailler plus sur vous-même que sur votre travail. Développez de nouvelles compétences qui vous apporteront plus de valeur sur le marché ». A l’inverse de l’ancien patronat fordiste aux salariés spécialisés à vie, le nouveau a besoin d’employés polyvalents, qu’on peut embaucher et débaucher à volonté. Vont aussi dans cette direction les termes comme « s’ajuster, sortir de sa zone de confort, rebondir, lâcher-prise, s’estimer et s’oublier** » - bien utiles pour attribuer une fonction supplémentaire au salarié pour la même paie ou pour le licencier. On est loin de la voie syndicale et de la lutte collective pour l’amélioration concrète de la situation de tous... Au contraire, ces milieux recherchent « l’harmonie, l’équilibre, la sérénité, la bienveillance », « la douceur » et veulent éviter les conflits, « les personnes toxiques » et rester dans « un cadre respectueux, de non-jugement, être en écoute » avec « des échanges plus neutres, plus apaisés »... Au diable l’antagonisme des classes sociales et leurs intérêts divergents !
Malgré tout, comme souvent avec le capitalisme, cette nouvelle vague libérale nocive peut avoir quelques retombées positives. Dans la profusion des initiatives privées, certaines innovations s’avéreront bénéfiques. Ainsi en est-il, même si elle ne fait pas partie à proprement parler du DP, de l’ostéopathie, venue des Etats-Unis. Très contestée à ses débuts, elle est en train de gagner une certaine reconnaissance du public et des pouvoirs publics via notamment une longue formation. En fait, le fond du problème n’est pas tellement ces pratiques ni leurs praticiens aux motivations plus ou moins nobles, le problème c’est que toutes ces activités se déploient dans le cadre d’un capitalisme qu’elles confortent - sans que ses acteurs s’en rendent toujours compte. Une société plus égalitaire saurait mieux faire le tri et mettre à profit ces énergies au service du mieux-être de tous.
A.Lorenzati Juillet 2024
*titre d’un livre de Alexandre Jollien, écrivain et philosophe suisse.
**titre d’un livre de Christophe André, psychiatre et auteur de nombreux livres. Sinon, toutes les citations de cette réflexion sont tirées principalement des sites suivants :
Formation de coach professionnel, école de coaching à Paris et Marseille - Serenity Coach Institut
Coach PNL : quelle formation suivre pour ouvrir son cabinet en PNL ?
La Douce Heure - Praticien en Énergétique à Coteaux du Lizon | Resalib
Maryline Laithier, Praticienne en Médecine Traditionnelle Chinoise
Historique | Stéphane Henriet Ortho-Bionomy
L’équipe d’iRiS Intuition - iRiS, école de l’intuition