Documentaire : « LA DISPARITION ? » de J.P. Pozzi, Mathieu Sapin et Julien Dray (85 minutes). Le lien : https://youtu.be/bsJ4V4Xq1c0

Film tourné en 2021, sorti en février 2022 et passé sur la chaîne LCP seulement le 24 février dernier. Il revient sur la lente dérive du Parti Socialiste depuis 1981 avec, en toile de fond, la question : comment en est-il arrivé là ? Techniquement bien fait, il se laisse regarder, rappelle des faits oubliés ou quelques-uns inconnus du grand public mais est tout de même décevant quant au fond : il reste le plus souvent à la surface des choses, vues essentiellement sous l’angle politique - voire politicien.
Ainsi, Julien Dray, autour duquel en fait tourne le film (normal, il en est un des auteurs et s’est donc octroyé une place de choix), dit à un moment que la gauche doit offrir du « concret », c’est-à-dire sur le plan social et que Hollande ne l’a pas fait. Outre qu’il ne donne pas d’exemples de mesures « concrètes » qu’il aurait fallu avancer, il oublie de dire que, non seulement Hollande n’a rien donné aux salariés, mais qu’en plus, il les a spoliés au profit du patronat : mise en place immédiate en 2012 du CICE, contre-réforme Touraine des retraites, loi travail El Khomri passée en force au 49-3 avec répression violente des manifestations par la police, avec Manuel Vals à la manoeuvre... Tout cela semble n’avoir pas existé dans ce docu menteur dans lequel Dray s’exempte à bon compte de toutes ces attaques du PS contre le monde du travail dans lequel il est resté une quarantaine d’années. Tout de même, c’est fort également de retracer la vie d’un parti se réclamant du socialisme sans évoquer les grands groupes capitalistes et leur influence. Dans ce film, on se demande où sont passés les patrons et les ouvriers. Par exemple, quand Macron apparaît, sa carrière à la banque Rotschild n’est pas évoquée ni non plus sa réception des gros friqués pour financer sa campagne de 2017, alors qu’il était ministre de l’économie.
A la question du film : « Est-ce que le PS est en train de disparaître ? » Julien Dray à la fin répond qu’il devrait survivre. Pour notre part, s’il reste social-libéral, on préfèrerait qu’il crève le plus vite possible. Il pourrait éventuellement survivre qu’à condition de se radicaliser, en renouant au moins avec une forme de social-démocratie redistributrice. C’est-à-dire suivre peu ou prou la ligne déjà tracée par LFI, ligne à laquelle nous ne croyons pas par ailleurs, le capital n’acceptant plus de distribuer même les miettes.
Or, les 4 principaux protagonistes du film*, chacun à leur manière, sont plutôt hostiles à Mélenchon et surtout n’ont rien à proposer de « concret » sur le plan social. A moins que leurs positions aient évolué depuis 2021, mais il ne semble pas aux dernières nouvelles. Restant dans le cadre social-libéral, tous ces gens sont dans une impasse politique, coincés entre LFI et Macron et comme en témoignent les défaites électorales successives de leurs poulains, les Vals, Hollande, Hamon et autres Hidalgo.

*Laure Adler (journaliste), Philippe Moreau-Chevrolet et Gérard Colé (communicants), Julien Dray (homme politique).