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    19 avril 2023

    DE QUOI LA LEGISLATIVE PARTIELLE EN ARIEGE EST-ELLE LE NOM ?

    Nous disions l’an passé que la séquence électorale de 2022 avait scellé pour un moment, dans le camp de la gauche réformiste, la défaite du social-libéralisme au profit d’une tentative de réhabilitation de la social-démocratie à travers LFI puis la Nupes.
    Nous maintenons cette analyse malgré la victoire de Martine Froger, candidate social-libérale anti-Nupes, lors de la dernière législative partielle en Ariège. Cette dernière a certes regagné des voix au premier tour par rapport à l’an passé mais dans un jeu à somme nulle avec la candidate macroniste, les différences idéologiques entre ces deux sensibilités étant faibles. En effet, la macroniste, sanctionnée par le contexte national, est passée, en gros, de 20% des voix à 11% (moins 9) tandis que M.Froger passait de 18% à 26% (plus 8). Et la candidate sortante LFI est toujours demeurée devant elles. Ce qui est méritoire sur une terre où le socialisme cassoulet, constitué de réseaux de notables, est implanté depuis longtemps alors que LFI est récente. La véritable surprise est venue donc du gros score de 60% de Martine Froger au deuxième tour, fruit d’un report de voix venant de toutes les sensibilités de droite, des macronistes au RN.
    C’est là le véritable fait nouveau qui peut inquiéter : le fruit de la mise en place depuis un moment d’une union sacrée contre la Nupes et LFI en particulier et contre tout mouvement de contestation en général. Union sacrée dont la genèse provient du capital cherchant à contrer, sur le terrain électoral mais pas que, la menace, pourtant relative, que constituerait pour lui l’arrivée au pouvoir de la Nupes. Déjà, au deuxième tour des législatives de juin 2022, plusieurs candidats Nupes furent victimes du vote ou de l’abstention d’électeurs gagnés au social-libéralisme qui préférèrent faire ou laisser gagner un LR ou un RN.
    On en est arrivé là par une entreprise de diabolisation de l’adversaire, déjà amorcée chez nous en 2007 avec un Sarkozy désignant « l’esprit de Mai 68 » comme le mal absolu. Ailleurs, avec des Trump et autres Bolsonaro inventant une menace communiste hélas pourtant faible dans leurs pays. En 2020 après sa percée aux municipales, même EELV, pourtant loin de constituer une menace pour l’ordre établi, fut la cible de procès en terrorisme : rappelons-nous la mise en cause de la municipalité verte de Strasbourg, soi-disant suspecte de faveurs accordées pour la construction d’une mosquée. Aujourd’hui par la voix de Darmanin, mais déjà avec les Blanquer et autres Vidal, les accusations en terrorisme de toute contestation tombent dru, que ce soit sur le terrain social ou politique, de l’action ou de la réflexion. Et la conséquence de cette offensive qui s’accélère, on l’a vu donc dimanche 3 avril avec le score de 60% d’un courant social-libéral discrédité. Tandis que quelques jours plus tard avait lieu, sous le feu d’armes de guerre, la boucherie de Sainte-Soline.
    Le capitalisme est bien en train de reconfigurer à sa main toute la société et le gouvernement Macron est une saisissante illustration de cette radicalité avec, circonstance aggravante, le fait qu’Emmanuel n’a plus à se représenter et, ivre de son ego, veut laisser une trace dans l’Histoire, façon Thatcher. C’est pourquoi ne doutons pas que les attaques contre le monde du travail vont redoubler, comme annoncé par Macron, notamment par une inique réforme de l’enseignement professionnel rejetée par tous et visant à sortir un tiers de ses lycéens du système scolaire.
    Face à cette contre-révolution, seule une option révolutionnaire peut être à la véritable hauteur des enjeux et éviter le fascisme en embuscade. Ce qui n’exclut pas le dialogue et la communauté d’actions avec tous ceux qui évoluent sur leur gauche, notamment au cours de ce mouvement social qui n’a pas dit son dernier mot, que le petit marquis de l’Elysée n’a toujours pas réussi à casser.
    AVRIL 2023