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  • UN DUEL OU UN DUO ?

    19 avril 2021

    UN DUEL OU UN DUO ?

    Depuis plusieurs années déjà, la confrontation électorale récurrente dans divers pays entre un candidat catalogué modéré ou acceptable (Biden, Macron, Chirac) et un candidat autoritaire qui divise (Trump, les Le Pen) pose question. Cela d’autant plus que le candidat modéré s’avère très libéral compatible alors que le candidat social-démocrate, même très pâle, a disparu du circuit. De quoi tout cela serait-il le nom ?

    Pour répondre correctement à cette interrogation, il faut en passer par une analyse plus globale comprenant le modèle économique dominant et ses interactions avec le champ politique.

    Le modèle économique, c’est sans surprise un capitalisme désormais globalisé dont la baisse tendancielle du taux de profit de ses firmes exacerbe toujours plus son agressivité. Avec toutes les situations paradoxales que cela peut entraîner : si les salariés occidentaux voient leur situation se détériorer, d’autres peuvent connaître une amélioration de leur condition, comme en Chine ou en Inde. Mais, même pour ces derniers, ce ne sont que des miettes concédées dans un contexte de montée des inégalités et de détérioration du cadre de vie.

    Face à cette pression de plus en plus maltraitante, les dirigeants politiques traditionnels ont de plus en plus de mal à justifier les mesures régressives qu’ils prennent au nom du capital. Les sortants sont le plus souvent sortis, de nouveaux partis naissent en peu de temps, les anciens s’érodent voire s’écroulent, comme le PS en France. En résumé, le capitalisme déchainé accentuant les injustices, le personnel politique contesté cherche d’autres façons pour retrouver une autorité nécessaire aux milieux d’affaires qui ont besoin de populations tenues.

    Ce qui est arrivé en réponse à cette crise, c’est une carte électorale redistribuée autour de l’émergence d’un pôle fascisant. Ce surgissement du fascisme a permis deux choses : tout d’abord, en volant à la gauche radicale le monopole de la contestation du système, il a minoré cette dernière qui, notamment depuis la faillite du communisme stalinien, tend même à disparaître des écrans-radars. Ensuite, il a permis un rapprochement, voire une alliance comme en France avec LREM, entre la gauche modérée et la droite traditionnelle, au prétexte notamment d’une nécessaire union sacrée face à cette montée fasciste.

    C’est pourquoi l’on a à présent le plus souvent le duel électoral dont on parlait au début entre un libéral et un souverainiste, entre la droite et le fascisme. Le paradoxe, c’est que ce duel n’en est pas vraiment un et serait plutôt un duo gagnant pour le capitalisme.

    En effet, les deux partis ont finalement beaucoup de points communs : le libéralisme répressif et estropieur de Macron aura démontré qu’il a besoin du bâton pour appliquer ses potions inhumaines usuelles, Le Pen s’étant fait voler une bonne partie de son programme. En revanche, cette dernière a tourné la page quant à son affichage social et anti-Euro et renoue avec les recettes libérales de son père. Ne parlons pas des autres leaders souverainistes à travers le monde qui affichent ouvertement leur libéralisme en économie - la référence en la matière restant celui du putschiste Pinochet encadré par les Chicago boys de Milton Friedman.

    Alors, au gré de ce faux choix entre un libéralisme autoritaire et un autoritarisme libéral, les démocraties bourgeoises glissent cependant sur une pente menant au fascisme du XXIème siècle et ce n’est pas purement anecdotique qu’un Sarkozy soit revenu murmurer à l’oreille d’un Macron. Pour le briser et en sortir, il nous faut afficher notre radicalité (et la situation s’y prête avec le Covid et le dérèglement climatique) à travers un programme transitoire crédible et la volonté d’organiser les luttes pour la liberté autant que pour l’égalité.