NPA Bourgogne Franche-Comté
  • « NOUS SOMMES EN GUERRE ! »

    12 avril 2021

    Il y a environ un an, c’est ce qu’avait déclaré Macron à propos du Covid. Il semblerait que, depuis, son gouvernement veuille continuer à exploiter cette veine guerrière. Plus se fait jour l’évidence de son ratage général de la gestion de l’épidémie notamment, plus il incline à chercher des dérivatifs à l’expression d’une colère qui risque de se manifester dès que la situation le permettra, dans la rue ou dans les urnes en 2022.

    Parmi les boucs-émissaires possibles, il y a d’abord cette offensive contre un ennemi intérieur, le soi-disant islamo-gauchisme. Sont attaqués par ce biais non seulement, à travers la faculté, ceux qui réfléchissent éventuellement en dehors de la doxa libérale, mais aussi un syndicat de gauche, l’Unef, pour quelques réunions racialisées en son sein et dernièrement un parti politique, les Verts, à travers la municipalité de Strasbourg qui avait seulement entamé une procédure réglementaire pour une subvention éventuelle pour la construction d’une mosquée. On remarquera que ces cibles sont celles habituellement visées par les pouvoirs dictatoriaux. On remarquera aussi que Macron coupe ainsi l’herbe sous les pieds de M.Le Pen – comme l’avait déjà commenté Darmanin en disant qu’il trouvait le programme de cette dernière plutôt tiède. Pour avoir une chance de gagner en 2022, ce gouvernement va faire encore plus du Le Pen, via notamment ses récents décrets et lois liberticides en cours, pour griller et Le Pen et les candidats de droite comme Xavier Bertrand qui chassent tous sur ce même terrain sécuritaire.

    Le deuxième bouc-émissaire possible, on en voit également la couleur avec la situation internationale qui se tend encore : ce sont ces régimes forts (et fort odieux) qui empêchent un plein déploiement des firmes capitalistes occidentales qui ont toujours besoin de nouveaux espaces où faire leur plus-value. Ces firmes adossées à leurs Etats respectifs règnent largement en Amérique du Sud, en Afrique, ont cassé l’Irak, la Libye, déstabilisé à leur profit le Moyen-Orient mais en veulent encore plus. Et pourquoi pas, après l’Iran, ne pas taquiner Russie et Chine ? Pas pour une guerre ouverte sans doute, mais au moins pour obtenir plus de concessions de leur part ? C’est ainsi qu’il faut interpréter les derniers violents échanges verbaux des diplomaties, l’américaine traitant Poutine de tueur qui paiera le moment venu. Un diplomate de l’affreux régime chinois a dit récemment, face à la virulence des Américains : « Ca sent la poudre ». Ce n’est pas faux. L’Europe et la France ne sont pas en reste dans ce dangereux bras de fer entre impérialismes. Au passage, l’affichage de relocalisation est également un marqueur d’accentuation de ces nouveaux rapports de forces.

    Macron pourrait donc nous étonner une fois de plus mais dans un style très différent de 2017 : chasse à l’ennemi intérieur dans une ambiance guerre civile et, en même temps, mise en exergue d’ennemis extérieurs. Faire peur pour qu’un maximum de citoyens se rassemblent derrière le Chef de guerre. L’épisode Trump, poussant le bouchon assez loin dans l’esquisse d’un coup d’Etat, n’est pas un hasard et montre jusqu’à quel point les libéraux décomplexés peuvent aller pour maintenir sous leur ordre les peuples malmenés par les crises du capitalisme.