NPA Bourgogne Franche-Comté
  • Lecture : L’effondrement de la civilisation occidentale

    30 septembre 2016

    L’effondrement de la civilisation occidentale, Naomi Oreskes, Erik M. Conway, 2014, 128 p. Aux éditions : Les Liens qui Libèrent

    Si rien n’est fait, qu’adviendrait-il de l’humanité et de la planète à l’aube du xxiie siècle ?

    Deux des plus grands intellectuels aux USA se posent dans cet essai de prospective la question suivante : pourquoi restons-nous inactifs, alors que nous disposons d’informations scientifiques robustes sur le changement climatique et que nous savons quels terribles événements vont suivre ?

    Nous sommes en 2093, avènement de l’ « Âge de la Pénombre », et les deux historiens futurs se retournent sur leur passé – qui est notre présent et notre avenir (possible). Tout avait pourtant bien commencé avec la création du GIEC en 1988. Mais rapidement le « déni » se répand en faisant valoir l’incertitude des données scientifiques. Les effets du changement climatique s’intensifient, et en 2023, l’année de l’« été perpétuel », il y a 500 000 morts et 500 milliards de dollars de perte. La frénésie pour les énergies fossiles amène les dirigeants à saisir les notes scientifiques sur la fuite de pétrole BP en 2011. Puis la loi dite de « négation de la hausse du niveau de la mer » est adoptée par certains États. Mais rien n’y fait. La nature se déchaîne sans que les mesures nécessaires ne soient prises. Pendant l’été 2041, des vagues de chaleur sans précédent détruisent les récoltes. Panique, émeutes, migrations de masse, hausse explosive des populations d’insectes, épidémies. L’ordre social s’effondre dans les années 2050 et les gouvernants, acquis à l’idéologie néolibérale, se retrouvent désarmés devant la nécessité d’une intervention massive de l’État…

    En imaginant la situation vers laquelle l’humanité s’oriente si rien n’est fait, les auteurs démontrent magistralement le double piège dans lequel la civilisation occidentale est en train de tomber. Deux idéologies inhibantes dominent : le positivisme et le fondamentalisme de marché. Quand les effets du Grand effondrement se sont fait sentir, les démocraties n’ont d’abord pas voulu, puis pas pu faire face à la crise. Se trouvant dénuées de l’infrastructure et de la capacité organisationnelle pour lutter.

    Foisonnant d’érudition, fruit d’un travail de prospective scientifique rigoureux, cet essai veut tenter de lutter contre les obscurantismes intéressés afin d’éviter à l’humanité ce que les auteurs nomment l’ « Âge de la pénombre ».

    N.N.