NPA Bourgogne Franche-Comté
  • LES BARBARES SONT PARMI NOUS

    13 octobre 2020

    Les sans-papiers, tous terroristes en puissance ? Les immigrés, leurs complices inavoués ? Les racailles des banlieues louvoyant entre délinquance et intégrisme selon Macron, toujours frayant dans les eaux du RN, qui appelle ça séparatisme ? Mais non, voyons ! Ils sont de tous les pays et de toutes les couleurs. Et ils sont bien plus nombreux et plus dangereux : je veux parler des barbares libéraux, bien sûr ! De tous les partisans convaincus ou résignés du système capitaliste. Même si cet acquiescement à un seul modèle peut s’apparenter à la mise en place d’une forme de dictature vers laquelle on glisse chaque jour, notamment par des lois restreignant de plus en plus nos libertés...

    Et que prône ce modèle unique et mondialisé ? Les opaques lois du marché dont la fameuse concurrence libre et non faussée, c’est-à-dire la guerre de tous contre tous : autrement dit une barbarie insupportable. Surtout à l’heure où l’on se rend compte de la finitude des ressources. Et il faudrait pourtant continuer à se tirer la bourre, entrainant des gaspillages insensés ? Pour les barbares libéraux, oui, il faut continuer à consommer le dimanche, le soir, la nuit et continuer à travailler le soir, le dimanche, la nuit, les jours fériés, de 7 à 77 ans... Quoi qu’il en coûte au vivant, en laissant sur le bas-côté des millions de pauvres et de chômeurs.

    Car ce modèle n’en est pas à une contradiction près, c’est même ce qui le caractérise. Ainsi, ses thuriféraires vantent sans cesse la valeur travail et pourtant ils sont incapables d’en offrir à tous. Les chercheurs d’emploi doivent se contorsionner pour arriver à s’insérer dans un impitoyable marché de l’emploi – et après un certain âge, ce n’est même plus la peine d’essayer. Quant à ceux qui en ont un, ils travaillent stressés ou démotivés par des méthodes de management aussi bêtes que féroces. Et ils prétendent chérir le travail ?

    Ils revendiquent aussi la fameuse liberté d’entreprendre alors qu’entreprendre sous leur règne s’avère très périlleux – sauf pour une minorité qui possède déjà du capital et ne risque pas de se retrouver démunie, quoi qu’il arrive. Pendant que la majorité des candidats entrepreneurs doit emprunter aux banques, payer des taxes sous un flot de paperasses. Et ceux qui ont survécu malgré tout ne sont pas sûrs de pouvoir un jour revendre correctement leur affaire – sauf, là aussi, une infime minorité qui aura touché le jack-pot. Quel gâchis !

    Ils se disent également les champions du droit à la propriété privée. Mais, là comme ailleurs, la réalité n’est pas à la hauteur du credo libéral. Pour devenir propriétaire, la plupart des gens sont obligés de s’endetter pour de longues années, en priant pour qu’aucun pépin n’arrive comme chômage ou divorce. Comme le disait l’humoriste : « Après avoir payé toutes les traites, ton canapé, il est à toi quand tu es mort ». Plus sérieusement, d’après l’INSEE, 42 % des ménages restent des locataires ou ne sont pas propriétaires et un tiers des propriétaires n’ont pas fini de payer leur résidence principale. Donc environ deux tiers des gens ne sont pas propriétaires. Et ces chiffres sont stables depuis une dizaine d’années. On est loin de la coupe aux lèvres.

    Enfin, les barbares libéraux pestent souvent contre la bureaucratie et les technocrates qui vont avec. Pourtant, depuis la fin de l’URSS et du modèle communiste de l’époque, le capitalisme est quasiment seul aux commandes et détruit chaque jour un peu plus ce qu’il reste d’Etat social. Logiquement, les tracasseries administratives auraient dû diminuer d’autant – ce qui n’est pas le cas, chacun pouvant le constater au travail ou dans sa vie privée. En fait, les contraintes administratives ont plutôt régressé pour le grand patronat et les gros contribuables, plus libres de transférer leurs usines et leurs capitaux tandis qu’elles se sont accentuées pour le commun des mortels.

    Il est temps donc de sortir de ce modèle liberticide incapable de permettre des conditions de vie décentes pour tous. Pour en proposer un autre où chacun pourrait avoir un salaire conséquent garanti à vie, où les moyens de production seraient un bien commun, indispensable à la liberté et l’épanouissement de chacun, où le travail enfin serait libéré du carcan du capital. Un nouveau modèle où, plutôt que de se concurrencer, il s’agit de coopérer, mettre en commun, planifier pour sauver la planète et l’humanité qui vit dessus.