NPA Bourgogne Franche-Comté
  • A propos des discussions à « gauche » concernant les législatives de juin

    2 mai 2022

    Écrit à partir de publication quotidienne de Philippe Poutou,

    Au lendemain de la présidentielle, La France Insoumise a proposé à plusieurs organisations de s’entendre sur un accord politique pour regrouper la gauche de rupture dans l’objectif de contrer le pouvoir de Macron à l’assemblée nationale. Nous partageons la préoccupation même si la formule défendue par FI ne nous plaît pas : “élisez Jean-Luc Mélenchon comme premier ministre. “. Ça a pour effet de personnaliser une fois de plus la vie politique alors que nous pensons que toutes et tous doivent prendre leur affaire en main. De plus, cela positionne les choses sur le terrain institutionnel alors que nous considérons qu’il faut reconstruire le rapport de force par les luttes. Mais passons là dessus.

    Quoi qu’il en soit, la situation politique rend nécessaire ces discussions à gauche. Le problème est clairement posé du côté de notre camp social de retrouver un espoir et une confiance collective. Du côté des équipes militantes du mouvement social, on a besoin de retrouver des perspectives politiques qui nous permettent de sortir de la résignation et de reconstruire les résistances larges.
    Même dans le cadre limité d’un processus électoral, il est important d’échanger sur ce que nous pourrions faire ensemble pour changer la donne. Mais ça se joue obligatoirement au delà. Entre les partis, les associations, les collectifs, les syndicats, il y a nécessairement besoin de créer ou renforcer les liens, d’apprendre à réfléchir et à agir ensemble.
    Car pour inverser le cours des choses, pour changer le rapport de forces entre les possédants et les classes populaires, il s’agit bien de trouver les moyens de contrer le pouvoir des capitalistes, leur capacité de nuisance et de destruction. Les législatives sont l’occasion de commencer à voir par quel chemin on peut y arriver.
    Une dynamique peut naître effectivement de cette idée que plus il y aura d’oppositions de gauche à l’assemblée nationale, moins Macron sera en position de dominer et moins l’extrême-droite aura de présence, plus ça ouvrira des possibilités de contrer les politiques antisociales, plus ça mettra le bazar dans la routine institutionnelle et plus ça nous aidera.
    Le fond du problème pour nous, ça reste notre capacité à agir, à mener les batailles politiques, à se lancer dans la contestation profonde du système et donc du pouvoir des capitalistes. Ça passera essentiellement par des luttes dans la rue, par les grèves et les occupations.

    Forcément les choses ne sont pas simples. Comment discuter d’un programme « commun », d’un objectif commun, avec des partis qui ont mené une campagne présidentielle aussi différente entre la FI, le PC, EELV et le NPA.
    Des discussions nationales ont lieu séparément : FI avec PS, FI avec PC, FI avec EELV, FI avec NPA. Et en parallèle, des discussions sont aussi menées dans différents départements, comme c’est le cas à Besançon. Tout cela donne une impression de bricolage et de confusion qui ne facilite pas les choses. D’autant que les délais sont relativement courts pour aboutir à un accord.
    Malgré ces difficultés et ces désaccords sur la méthode, le NPA est partie prenante des discussions, militant sincèrement pour trouver un terrain d’entente.
    Nous avons eu trois rencontres et une quatrième est prévue pour ce début de semaine. On discute évidemment du programme qu’on pourrait défendre ensemble (reprenant des réponses aux urgences sociales, environnementales, démocratiques). On discute tout aussi logiquement de l’autonomie de chacune des organisations, de leur liberté de parole, ce qui est pour nous une condition importante pour réussir une démarche unitaire. Enfin on discutera de la répartition des circonscriptions proportionnellement aux scores de chacune de nos organisations. Logique aussi. Tout se discute et nous discutons de tout.
    La FI est sortie de la présidentielle en position de leader à « gauche » ce qui lui donne un pouvoir important : celui de faire que ça marche ou que ça ne marche pas. FI décide d’ouvrir ou de fermer les portes. Personne d’autre n’est en mesure d’imposer quoi que ce soit. FI gère donc toutes les discussions, elle a toutes les informations, ce n’est le cas pour personnes d’autres. Ce qui peut poser problème rapidement. On verrra bien.
    La difficulté dans l’état des “négociations” est que plus cela semble avancer moins cela nous paraît clair. FI veut regrouper tout le monde, et avant tout le PS et EELV, puis le PC, en tout cas avant nous le NPA (ils nous l’ont dit, c’est vrai qu’on est là plus petite force, la partie la plus radicale aussi, ce qui peut déranger les plus sociaux libéraux). Mais à vouloir tout ce monde, forcément politiquement, au niveau du programme comme du sens du regroupement, les formules deviennent moins radicales et un peu moins en rupture, car le PS comme EELV par exemples y mettent aussi leurs conditions.
    Quand on entend le PS dire que un accord est possible, ça nous fait poser questions sur la réalité du regroupement d’une gauche de rupture. Nous voyons bien que le PS, au vu de ses résultats à l’élection présidentielle, est aux abois dans la crainte de perdre ses 24 députés. Pour autant, nous ne croyons pas que le parti qui a été le principal agent du social-libéralisme depuis 40 ans dans ce pays puisse devenir du jour au lendemain une force de rupture avec les politiques libérales et antisociales.
    Toute cette gauche institutionnelle semble plus préoccupée à s’accorder en vue de répartir au mieux les circonscriptions, de manière à préserver pour les uns et les autres les chances d’avoir un groupe parlementaire à l’assemblée nationale. Résultat logique, on s’éloigne de la volonté de construire une opposition d’une gauche réellement de rupture avec un plan politique offensif.

    Nous sommes convaincus qu’il faut tenter, qu’il faut discuter avec les composantes de la gauche telle qu’elles sont, qui sont pour beaucoup des camarades que nous côtoyons dans les luttes. Il est nécessaire de confronter nos analyses, chercher à faire ensemble dès que possible, à construire une opposition, même dans le cadre électorale, car on a besoin de retrouver de la confiance, d’éprouver le sentiment de force collective et du coup avoir des perspectives autres que celles de subir.
    Donc le NPA est toujours dans la discussion, dans l’idée du regroupement d’une gauche de rupture avec les politiques libérales et antisociales pour commencer à changer le rapport de forces.

    Besançon, le 01 mai 2022