L’hôpital public, ces dernières semaines, s’est consacré à la gestion de l’épidémie du Covid-19, en mettant à l’arrêt quasiment toutes les prises en charge habituelles, toutes les opérations non urgentes.
Si le confinement, au prix des libertés individuelles, a permis d’éviter la saturation des hôpitaux, il a mis en évidence l’état de délabrement du système de santé publique, après trois décennies d’étranglement budgétaire, de suppressions de postes, de suppressions de lits (100 000 en vingt ans), de suppressions d’hôpitaux de proximité et de services entiers.
Selon la direction du CHU de Besançon, 250 agent.e.s ont été contaminé.e.s par le Covid. En Bourgogne-Franche-Comté les informations ne sont pas encore données par l’Agence régionale de santé (ARS), mais on sait que la situation du personnel des Ehpad est très préoccupante.
Ce triste bilan est, bien-sûr, à mettre en parallèle avec l’absence de protections : masques, surblouses… dans les premiers jours de l’épidémie.
Les annonces gouvernementales laissent entendre que des primes vont être données au personnel hospitalier. Elles ne seront pas les mêmes selon les départements, selon les établissements. Le versement de ces primes est une grossière manœuvre de division. Cela fait plus d’un an que le personnel des hôpitaux publics revendique une augmentation nette de 300 € par mois, des embauches, l’arrêt des suppressions de lits et des créations supplémentaires, et l’arrêt de la suppression des hôpitaux de proximité. Si une prime est toujours bonne à prendre, son versement sera loin de solder les comptes.
Fait inquiétant des appels aux dons sont lancés via les réseaux sociaux et la presse par les directions d’hôpitaux à commencer par l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris. Des centaines de milliers d’euros sont ainsi donnés par des entreprises du CAC 40, des œuvres caritatives comme la Fondation de France ou des collectes grand public via des plateformes en ligne. Voilà à quoi l’État a réduit la Santé publique : à la charité. Voilà qui ouvre la porte à un financement en partie privé des hôpitaux publics. L’épidémie aura servi d’alibi à un projet de privatisation prévu de longue date.
Aujourd’hui l’épidémie régresse. Les chirurgien.ne.s vont à nouveau pouvoir opérer et des unités de médecine reprendre leurs activités antérieures.
Les conséquences de cette crise n’ont pas fini de se faire ressentir à l’hôpital. Tout devra être fait pour que des actions de lutte collective reprennent le plus vite possible.