NPA Bourgogne Franche-Comté
  • Décryptage (5)

    4 décembre 2019

    Dans nos sociétés capitalistes, le discours dominant est celui de la classe dominante, minoritaire numériquement mais majoritaire dans les institutions, les entreprises et tous les postes de pouvoir. Ce discours nous imprègne chaque jour, relayé par les médias dont les plus influents sont aussi tenus par la bourgeoisie. Cet article, comme les autres qui l’ont précédé, se propose de débusquer quelques-uns des tours de passe-passe de ce discours à l’air si évident.

    Cette fois-ci, nous ferons un sort à cette catégorisation tripartite de l’espace social, catégorisation initiée notamment par le géographe Christophe Guilluy mais reprise par diverses personnalités, dont certaines d’extrême droite.

    Pour ces gens, la société se décomposerait en trois catégories : les bobos friqués, cadres ou haut-fonctionnaires pro-européens et proches du pouvoir, gagnants de la mondialisation, vivant dans les centres-villes. Ensuite leurs serviteurs (nounous, femmes de ménage, employés restaurants, taxis Uber…) habitant nécessairement près d’eux, dans une couronne immédiatement autour du centre-ville, ils participent peu à l’effort de solidarité et reçoivent beaucoup en proportion (via notamment les investissements publics dans les métros et autres moyens de transports urbains). Enfin, à la périphérie, les oubliés qui bossent, paient charges et cotisations et ne reçoivent guère en retour…

    Il est facile de voir que ce découpage fait porter le poids de nos problèmes sur les bobos, catégorie floue, boucs émissaires faciles, taxés éventuellement de décadents. Ainsi, laissera-t-on entendre, à l’occasion, que les femmes bobos sont de celles qui recourent à des IVG « de confort », sacrifiant la maternité au profit de leur carrière professionnelle. Ainsi, dans le même genre de glissement, suggérera-t-on qu’une partie de ces bobos, qui sont dans la banque et voyagent beaucoup, sont de ces Juifs internationalisés et profiteurs…
    Ce découpage fait passer également les serviteurs des bobos (en fait, les immigrés et personnes d’origine étrangère), certes pour des personnes exploitées par les bobos mais profitant du système au détriment des oubliés, ces bons Français, blancs, qui, seuls, peupleraient la périphérie : on voit la fausseté et le racisme, là encore, sous-jacent à cette analyse…

    Enfin, ce découpage triparti occulte le rôle destructeur des grands patrons, des gros actionnaires et autres financiers au détriment de tous les salariés, qu’ils soient femmes ou hommes, blancs, noirs ou jaunes, qu’ils habitent en ville ou à la campagne…

    En résumé, nous avons affaire ici à une vision compatible avec la pensée fasciste qui tend à catégoriser les sexes et divise les salariés entre eux. Pour nous, l’analyse marxiste de lutte entre deux classes sociales, bourgeois très minoritaires et travailleurs largement les plus nombreux, reste seule pertinente pour comprendre le monde et agir sur lui.

    AL