Bourgogne Franche-Comté
  • « C’est bien connu, ma bonne dame, les extrêmes se rejoignent ! »

    31 janvier 2021

    Même si cette accusation à notre encontre ne date pas d’aujourd’hui – on nous taxait un temps de « rouges-bruns » - cette perfidie semble refleurir mais plutôt sous la variante de « islamo-gauchistes » au vu de l’actualité.

    Mais justement, il faudrait savoir : quel emblème veut-on nous faire suivre ? La svastika ou le drapeau noir de l’Etat Islamique ? Tantôt nous roulerions pour les bruns lorsque, par exemple, nous soutenons le mouvement des Gilets jaunes qualifié de populiste voire de fascisant par nos détracteurs libéraux. Tantôt nous roulerions pour les intégristes islamiques parce que nous aurions des analyses trop compréhensives à leur égard. Ne sont-ce pas là pourtant deux causes quelque peu contradictoires ?

    Cette variabilité désinvolte dans nos connivences supposées dévoile en fait l’inanité de l’accusation fourre-tout qu’on nous porte : dès qu’un diable quelconque passe par là, aussitôt on lui accole les gauchistes pour alliés. Les gauchistes et, plus généralement, tous ceux qui contestent un peu trop fort, sur son flanc gauche, le pugnace ordre libéral en place. Car c’est bien ce dernier qui est à la manoeuvre : par cet amalgame diffamatoire, il fait d’une pierre deux coups, discréditant fascismes et communismes à la fois.

    Cependant, malgré notre faiblesse militante et électorale du moment, j’ai la conviction que le camp libéral déclinant (des sociaux-démocrates aux libéraux purs sucres) nous craint plus que ses détracteurs du flanc droit que sont le fascisme pourtant ascendant ou l’intégrisme islamique. C’est que, avec eux, il peut toujours s’arranger comme ça s’est vu dans le passé : les industriels allemands pactisant avec le nazisme, une partie de la droite française préférant Hitler au Front Populaire. Et comme ça se voit encore de nos jours : depuis l’entente tacite dans le jeu électoral entre Macronistes et Lepénistes jusqu’aux accords financiers entre compagnies extractrices de matières premières et groupes djihadistes - en passant par des alliances ponctuelles sur le terrain entre certaines armées occidentales et bandes armées intégristes pour écraser, par exemple, l’Etat embryonnaire du Rojava.

    Ces gens-là, l’ordre libéral sait bien qu’ils ne remettront pas en cause de façon fondamentale la grande propriété privée ni un Etat fort à son service. Alors que nous, nous sommes pour la disparition de l’une et de l’autre. En résumé, les libéraux acculés préfèrent toujours le fascisme plutôt que le communisme.

    Alors qui fait le jeu de qui ? Qui est l’idiot utile de qui, puisque c’est le procès qu’on nous fait quelquefois ? Le NPA quand il défend les victimes des bavures policières, veut l’égalité des droits pour les sans-papiers et pour toutes les minorités discriminées ou bien Macron quand il pond des lois liberticides pré-fascistes ou compose avec les Etats indiens, égyptiens ou saoudiens, prostituant, comme le dit la chanson « la République sur le trottoir des dictatures » ? Car « que valent les Droits de l’Homme devant la vente d’un Airbus* » ? Et même la vente d’armes, et même la vente de technologies servant à brimer leurs propres peuples : libéraux et dictateurs, tous unis qu’ils sont dans l’Internationale des briseurs de révoltes et de révolutionnaires desquels, sans forfanterie, nous nous réclamons.

    AL, janvier 2021

    *Chanson « On lâche rien » du groupe Saltimbank.