NPA Bourgogne Franche-Comté
  • Alstom Belfort : Une survie de quatre années

    1er décembre 2016

    Pas négligeable pour les salariés qui, le 7 septembre, avaient pris un coup de massue sur la tête à l’annonce de la fermeture du site de Belfort.
    Depuis la séparation de l’usine en deux avec la vente du secteur énergie d’Alstom à General Electric en 2015, le secteur transport Alstom subissait une baisse de commandes, mais «  rien de grave pour le site d’excellence  » disait la direction. Pour cette même direction, la séparation d’avec GE devait permettre un sursaut d’activités pour Alstom transport et la création de centaines d’emplois… En fait, elle n’a permis que d’engraisser les actionnaires, 3,2 milliards gracieusement distribués.

    Les salariés sont d’autant plus ébahis ce 7 septembre que la veille, on leur a présenté le TGV du futur – c’est à Belfort que se construisent les motrices TGV – sa réalisation leur revenait donc.

    Comment expliquer cette volte face de la direction  ? Est-ce une réaction à la perte d’un marché de 44 locomotives confié par la SNCF à un concurrent allemand (Vossloh)  ?

    Toujours est-il que Henri Poupon Lafarge, le directeur, a réussi son coup. Toute la classe politique de gauche comme de droite s’est affolée. Pour les élus locaux, impossible d’accepter la disparition de 500 emplois et de 1000 induits sur Belfort  ; en outre assister à la disparition de ce «  fleuron de l’économie française  » est inimaginable pour eux. Au niveau de l’État, c’est le même affolement : Hollande ne veut pas à la veille des élections se trouver devant un nouveau Florange. S’ensuivent des gesticulations politiciennes qui aboutissent aux décisions hâtives énoncées mardi 4 octobre devant les travailleurs d’Alstom par Christophe Sirugue, secrétaire d’État à l’industrie : ça se résume par des commandes à tout venant :

    • •De l’État : 15 TGV pour les lignes intercités Bordeaux-Marseille et Montpellier-Perpignan (à noter que ces TGV ne rouleront pas à grande vitesse et coûtent deux fois plus cher qu’une rame classique)  ; 30 trains intercités.

    • •De la SNCF : 6 TGV pour la ligne Paris-Turin-Milan (par ailleurs fortement contestée d’un point de vue social, économique et écologique) et 20 locos diesel pour remorquage des trains en panne.

    • •De son côté Alstom s’engage à investir 30 millions pour développer et fabriquer des locomotives hybrides ou diesel avec un financement complémentaire de l’État. Alstom, avec l’aide des collectivités locales, investirait cinq millions d’euros pour moderniser et accroître les activités des ateliers de maintenance de Belfort avec la création de 150 emplois supplémentaires. Cinq millions encore investis par Alstom pour préparer l’avenir du site (bus électriques…).

    Cet ensemble préserverait l’avenir des sites de Belfort, La Rochelle, Reichshoffen dans l’attente du TGV du futur. Et les huit autres sites  ?

    Cette espèce de mécano est fort critiqué et sent les élections proches, survivra-t-il après 2017  ? On est à nouveau sur le tout TGV, pourquoi l’argent des contribuables doit-il servir à soutenir de grands industriels dont l’objectif n’est pas la recherche du bien public et la sauvegarde de l’environnement mais celle des profits les plus juteux  ?

    Alors qu’ils manifestaient un soulagement certain après des semaines d’angoisse, les salariés d’Alstom se posaient cette question ce mardi 4 octobre. «  Ce n’est pas seulement des commandes de l’État que l’on recherche, mais c’est la pérennité du site et l’avenir de la filière ferroviaire  ». CGC et CGT réclament des assises de la filière ferroviaire. Et c’est bien sûr de l’avenir de cette filière qu’il faut débattre, d’une réorganisation et de son développement dans le cadre d’une priorité aux transports collectifs. Mais peut-on la concevoir dans le système actuel où domine le pouvoir patronal, la recherche du profit, et les licenciements qui en découlent ? Le délégué CGT d’Alstom n’a-t-il pas dit en sortant de la réunion que le patron ne s’engageait pas sur les emplois ?

    On se trouve bien dans une configuration où rien de durable ne peut être construit en respectant les règles du marché. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est l’expropriation des propriétaires d’Alstom sans indemnités ni rachat, la réorganisation et le développement de la filière ferroviaire avec une priorité donnée aux transports collectifs. Ceci implique une mobilisation massive des travailleurs et de la population, laquelle reste à construire… en lien avec les autres mobilisations contre les plans de licenciements et contre la répression du mouvement syndical.

    M.A.D.