NPA Bourgogne Franche-Comté
  • 2 mois et demi que le peuple crie et le gouvernement reste sourd

    7 juin 2016

    Les salarié-es, les jeunes, les privé-es d’emploi, les retraité-es sont mobilisé-es depuis plus de deux mois pour le retrait de la loi travail. Conscient-e-s de la dangerosité de la plupart des mesures, nombre de citoyen-ne-s ont rejoint jeunes et salarié-es dans la rue. Alors que l’opinion publique reste massivement opposée à ce texte, le gouvernement a décidé de passer en force en utilisant le 49.3. C’était sans compter un usage régulier et intensif de la violence par les forces de l’ordre, n’hésitant pas à matraquer, gazer et blesser des camarades. Après la première mobilisation du 9 mars lancée spontanément par la jeunesse, le gouvernement n’a jamais reculé, se pliant sans cesse aux exigences de Gattaz et du patronat.

    À Besançon, on ne lâche rien. Le mouvement ne s’essouffle pas, surtout pas chez les jeunes. Le comité de mobilisation de l’université a été fondé à la suite du rassemblement du 9 mars 2016, ce comité n’a depuis jamais cessé de lutter contre ce projet de loi abject. Il a été créé afin de mobiliser l’université de Besançon, ainsi que les lycées et plus largement la population bisontine. De nombreuses AG, réunions ont rythmé le début de ce mouvement. L’objectif est resté inchangé : le retrait de la loi travail, en passant par une convergence des luttes. Un communiqué du 30 mars appelait à cette convergence : « Nous avons sûrement beaucoup à inventer, à partager, à découvrir ; alors que ce projet de loi, qui fait suite à tant d’autres, défend une société du chacun pour soi. Soyons ensemble dans la lutte, chacune et chacun, à notre manière ».

    Le 29 mars les étudiant-e-s décidaient d’occuper l’amphi Donzelot à la faculté de lettres. Cet amphi renommé Donzelibre devenait le symbole de la lutte à l’université, occupé par des étudiant-e-s pendant plusieurs semaines. Un espace d’échange fut créé, un lieu de vie où les idées ne manquaient pas et fusaient. Le blocage spectaculaire de la fac le 31 mars affirmait la volonté de chacun-e-s de venir à bout de ce projet de loi. Le blocage était soutenu par le blocage du plus grand lycée de la ville, le lycée Pergaud. Les lycéen-nes de tous les établissements apportaient largement leur pierre à l’édifice dans la construction du mouvement social.

    Le comité s’empressait de mener à bien des actions de type projections de films, conférences avec des professeur-e-s, débat avec la député du Doubs Barbara Romagnan (PS), l’organisation de disco-soupe et de la première nuit debout à Besançon le 7 avril. À cette occasion un comité est né : le comité de lutte bisontin.

    Le mois d’avril était marqué par de nombreuses actions, entre manifestations, actions « péages gratuits » et des tractages réguliers. Mais le mouvement peinait à s’amplifier, les vacances scolaires et les partiels venaient obstruer la massification des rangs. Pourtant le mouvement ne s’est pas effondré, la réelle volonté de convergence des luttes permettait la rencontre des salarié-e-s de Ginko (en grève pendant des semaines), des salarié-e-s de PSA-Sochaux, des cheminot-e-s... Nuit debout ne faiblissait pas non plus, des idées et des actions émanaient de ces rassemblements, notamment l’occupation du conseil régional Bourgogne-Franche-Comté le 29 avril.

    Ce à quoi suivait le 1er mai et un rassemblement pluvieux mais réussi pour la journée internationale des travailleurs. Le 3 mai alors que le texte devait être discuté à l’assemblée nationale, l’intersyndicale et le comité de mobilisation de l’université de Besançon appelait à un rassemblement devant les locaux du PS, suivi d’un tractage à un carrefour largement fréquenté par les automobilistes, enfin une délégation était reçue par le préfet. Mardi 10 mai, 8 étudiant-e-s se joignaient à 15.000 cheminot-e-s qui manifestaient à Paris contre le décret-socle. Ce même jour, l’utilisation du 49.3 était annoncée, les étudiant-e-s se dirigeaient ainsi devant l’assemblée nationale. Très vite, les flics chargeaient et gazaient à plusieurs reprises.

    La semaine après l’annonce de Valls, des actions ont été menées tous les jours : rassemblement pour empêcher un conseil municipal, blocage d’un lycée le mardi 17 mai, blocage du Quick, blocage
    de la circulation rue de Vesoul tôt le matin, manifestation et blocage de la gare... Le lycée Pasteur a quant à lui été bloqué le jeudi 19 mai, ce qui a amené près de 300 élèves dans la rue, ces mêmes lycéen-nes qui ont été gazé-e-s aux cotés des autres manifestant-e-s devant la Chambre de commerce et d’industrie.

    En effet partout la violence fait rage, Besançon a connu des débordements de la part des forces de l’ordre, entre arrestations musclées, matraquages et gazages intempestifs, largement démesurés face à la non-violence des manifestant-e-s.

    Le mouvement étudiant à Besançon ne s’essouffle pas, des actions de blocages économiques sont menées avec motivation et force, largement soutenue par l’intersyndicale et les autres comités. La coordination remarquable avec les lycéen-nes de la ville permet un travail efficace, des lycéen-nes engagé-e-s et organis-é-e-s qui ne laisseront pas cette loi passer. C’est sans compter une coordination avec l’intersyndicale, le comité de lutte, les partis politiques, les intermittent-e-s, etc. De plus, il faut souligner le travail des médias indépendants de la ville : RadioBip et Saypc (photographe solidaire). Ces derniers relayent en continu les informations sur le mouvement social, un travail acharné à saluer.

    La lutte continue !

    R.J.