La pandémie de Covid-19, comme lors des crises précédentes, est l’occasion d’un recul des libertés publiques. Après le11 septembre 2001 une directive européenne oblige les opérateurs à stocker les connexions de leurs clients, en 2015 est votée en France (sans débat !) la loi sur le renseignement et mis en place l’état d’urgence, en grande partie codifié dans le droit commun en 2017. Aujourd’hui, des mesures nous sont présentées comme légitimes contre la pandémie : l’utilisation envisagée de nos données personnelles (applications par le Bluetooth pour le suivi des contacts) ou déjà mise en œuvre (géolocalisation), qui constituent une grave atteinte à nos libertés, alors que leur efficacité n’a pas été démontrée par ailleurs.
Une confidentialité encore plus mise à mal !
Pour des données aussi sensibles notre consentement devrait nous être demandé, avec des informations faciles à lire et à comprendre, des garanties devraient être assurées pour rendre impossible leur ré-identification et nous devrions être informé.e.s du moment où ces données sont anonymisées. Sous la pression patronale ou sociale une telle application pourrait être imposée pour continuer de travailler ou pour accéder à certains lieux publics. De plus des connexions par Bluetooth d’un téléphone à un autre présentent un risque de piratage du téléphone.
Atteinte au secret médical et à la confidentialité des données de santé
Le secret médical et la confidentialité des données de santé sont mis en cause, car ces applications offrent une possibilité d’identifier les malades et de les stigmatiser. Et qu’en sera-t-il de toutes les personnes qui n’auront pas installé l’application ? seront-elles soupçonnées d’avoir voulu cacher des informations ?
Quant à celles qui ne possèdent pas de téléphone portable, elles risquent de subir une discrimination supplémentaire. Moins de la moitié des « plus de 70 ans » possède un téléphone portable. Faudra-t-il les équiper d’un bracelet électronique ?
Société de la suspicion et fabrication du bouc-émissaire
Le gouvernement entretient un climat de peur et de défiance. De nombreux incidents ont ciblé des personnels de santé en proie au délire de leurs voisins, les projets de « brigades » de suivi des personnes à risques dans le cadre du « déconfinement » ne peuvent que faire craindre des dérives et la multiplication des couvre-feu. Le rôle répressif accru des polices spécifiques dans les transports (ferroviaire, RATP...), la place des réservistes de la gendarmerie, la confusion avec les polices municipales, le recours à des agents de sécurité privés pour faire appliquer les règles de distanciation physique dans les transports, tout cela abonde dans le sens du tout répressif. Et quand on se souvient que de 1986 à 2019 plus de 20 lois ont accru le caractère autoritaire de la législation, on peut craindre le pire. De plus la fermeture des frontières a contribué à développer le racisme, en particulier l’islamophobie. A Dijon, la communauté chinoise s’est plainte plusieurs fois de comportements agressifs.
Prendre modèle sur Israël ?
A Nice, le maire teste la reconnaissance faciale avec le support technique d’une société israélienne et une généralisation des caméras. On nous habitue à voir les drones survoler nos rues, après les hélicoptères lors des manifestations. Et on apprend que le gouvernement a été rapide pour acheter des « armes non létales » et des drones pour plusieurs millions d’euros, mais qu’il est incapable de fournir gratuitement des masques efficaces à la population.
La loi sur l’urgence sanitaire, dont l’application va nous poursuivre au moins jusqu’en juillet, est un risque car elle vise également à légitimer la gestion autoritaire de la crise et à justifier la remise au travail du pays en imposant des régressions sociales majeures dans la durée. Ainsi, une nouvelle loi santé serait en préparation pour juillet qui accentuerait les partenariats hôpital public et cliniques privées, au prétexte que la coordination des différents établissements a été une réussite dans la lutte contre la pandémie ! Et il y aurait de nouvelles suppressions de postes à la clé ! On comprend mieux pourquoi le gouvernement achète des drones et des LBD.