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    29 juin 2022

    EDITO : UNE NOUVELLE DONNE A GAUCHE

    La seule bonne nouvelle de ce printemps, au-delà de la personnalité de Mélenchon, au-delà de la viabilité de la NUPES, c’est le succès de l’union des gauches sur une ligne de rupture d’avec le social-libéralisme.
    Cela s’est traduit lors d’un épisode électoral, mais signifie en même temps une prise de conscience vers plus de radicalité dans les couches sociales plutôt acquises à la gauche. Désormais, un espoir renaît pour beaucoup de gens, un peu comme dans les années 70 avec la perspective, dans un contexte moins tragique, de la venue d’un gouvernement qui devait « changer la vie ».
    Et quiconque à gauche se démarquera à l’avenir, d’une manière ou d’une autre, de ce nouveau cours risquera de se retrouver minoritaire quant à son audience et aura sans doute du souci à se faire s’il est un politique qui souhaite être élu ou réélu. Déjà, tous les candidats dissidents de la NUPES soutenus par les Hollande, Jospin, Delga, Hidalgo, Le Foll et autres Cazeneuve ont été battus dès le premier tour des législatives.
    La ligne social-libérale est battue au profit d’une ligne non pas révolutionnaire ni extrémiste mais social-démocrate, faite de redistribution et d’Etat social – encore une fois, comme dans les programmes des années 70, en moins radical même*.
    Mais aujourd’hui, c’est encore beaucoup trop pour les libéraux décomplexés qui font et feront tout pour que ces mesures ne soient jamais appliquées. C’est pourquoi, il y a eu le Mélenchon bashing et il y a la stigmatisation de LFI comme parti extrémiste, non républicain, proche des islamistes etc. Tout pour faire peur et le discréditer, comme ils ont pratiqué en Grande-Bretagne pour flinguer le Labour de Corbyn taxé mensongèrement d’antisémitisme**.
    Pour notre part, la critique que nous faisons de cette ligne social-démocrate s’inspire des leçons du passé. En effet, elle n’a pas pu alors endiguer le cours du capitalisme, principalement parce qu’elle a pour caractéristique d’agir en aval de ce dernier : elle laisse vivre la bête en pensant pouvoir la tondre après-coup. Mais, lorsque l’animal, serré de trop près, sent qu’il perd par trop la direction des affaires et/ou qu’il ne fait plus de marges suffisantes à son goût, alors il brise tous les compromis antérieurs comme l’ont fait à l’époque Tatcher et Reagan.
    Donc seule une perspective révolutionnaire c’est-à-dire s’en prenant aux racines du système peut espérer ne pas décevoir. Par exemple, le programme de la NUPES prévoit « un pôle public des transports et de la mobilité » laissant donc un secteur privé perdurer. Idem avec les banques où il est envisagé seulement un pôle public bancaire « formé grâce à la socialisation de certaines banques généralistes ». Mais, l’exemple de la Santé le prouve, la coexistence du public et du privé siphonne et affaiblit le service public.
    Tout ceci n’empêche cependant pas un soutien critique à la NUPES car ainsi des opportunités s’ouvrent pour notre camp social qui peut au moins reprendre confiance en lui.

    *Ainsi, dans les 110 propositions de Mitterrand en 1981 était prévue la nationalisation de l’industrie pharmaceutique et des banques ; ainsi le programme de la LFI veut certes la retraite à 60 ans mais ne revient pas aux 37,5 années de cotisation pour l’avoir à taux plein...
    **Voir notamment à ce sujet : « les accusations d’antisémitisme contre Jérémy Corbyn n’ont aucun fondement » Contretempsweb, 10 juin 2022.